André Saint-Léger (1870 – 1952)
Par Anny Saint-Léger, en 1985
Mon beau père Saint-Léger naquit à Tournai car on entendait le canon à Lille. Napoléon III se battait avec les Prussiens et capitule à Sedan le 25 Septembre 1870.
Il avait un frère Pierre et une ravissante sœur Marthe qui épousa Lucien Crépy.
Il se maria vers 1895 avec Marguerite Delemer.
Mon beau père était très aimable mais très orgueilleux et vaniteux. Il se faisait appeler le Comte Saint-Léger, peignait des armoiries sur les portes de ses carrosses.
Il avait une très belle maison 107 rue Royale à Lille et toujours de très belles voitures à chevaux, un break, une victoria, un coupé.
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Il avait une usine et son frère Pierre une autre usine à la Madeleine, lin et coton. Elles existent toujours et font partie de la Société Agache.
Après la guerre, ces deux usines furent vendues à M. Agache et mon beau père fut administrateur des Etablisements Agache ainsi que Claude.
Vers 1922, mes beaux parents achetèrent une belle propriété près d’Arras, à Hermaville.
Il y avait un château, une ferme et un bois. Ma belle mère organisait de très belles chasses. En 1934 environ, tout fut revendu car mon beau père dilapidait toute sa fortune avec des femmes dans les bars.
Ma belle mère et Claude n’ont rien pu faire.
Mon beau père était d’un caractère faible. Vers 1940 on lui retira la signature des Etablissements Agache. Il finit sa vie à Paris, à l’hôtel. On lui envoyait de l’argent tous les mois.
Marguerite Delemer ( - 28/08/1953)
Ma belle mère naquît je crois à Chauny dans l’Aisne. Son père, Adolph Delemer, aurait été blessé au poumon pendant la guerre de 1870 et il était tuberculeux. Il avait 3 enfants : Léon, Marguerite et Geneviève, qui épousa Louis de la Valette.
Ma belle mère était très jeune quand son père mourut. Elle n’allait jamais en classe, et resta avec sa mère et des grands mères au Château de Rouge près de Chauny.
Elle lisait beaucoup, retenant tout et était très cultivée.
Son frère Léon passa plusieurs examens de grandes écoles et termina comme ingénieur des Ponts et Chaussés. Il eut 5 enfants dont 4 moururent, ainsi que sa femme. Je crois qu’il était aussi tuberculeux, mais il vécu assez longtemps. Je l’ai bien connu, c’était un phénomène.
Ma belle mère se maria très jeune. Elle eut beaucoup de succès car elle était très intelligente.
Elle jouait au golf, elle chassait. Et pour aller chez son ami Edouard Delesalle près de Fort Mahon, elle allait en voiture à chevaux avec relais de chevaux à Hesdin.
A partir de Montreuil, il n’y avait plus que des chemins de sable.
Elle était très sévère avec ses deux enfants ainés : Claude et Annie et très faible avec Philippe qui naquit 7 ans après les autres.
Philippe fut habillé en fille avec des robes en dentelles jusqu’à l’âge de 5 ans.
Ma belle mère passait 2 mois à Cannes chaque hiver. Elle s’occupe de fonder l’Institut Pasteur de Lille et était très amie avec le Dr Calmette et Guérin qui isolèrent le bacille de la tuberculose et mirent au point le B.C.G. (Bacille Calmette et Guérin).
Pendant la guerre 14-18 ma belle mère est restée à Lille. Elle avait été obligée de loger un général allemand, ce qui ne l’empêcha pas de faire de l’espionnage. Elle aidait les jeunes à s’évader, elle faisait passer des lettres et des renseignements sur l’emplacement des canons et les mouvements de troupes.
Elle fut arrêtée et emmenée prisonnière à Holzminden en Allemagne, 6 mois je crois. Elle revint très fatiguée et commença à avoir des périodes de dépression.
En 1918, elle s’occupa de la reconstruction des cités ouvrières, puis de l’installation à Hermaville.
La conduite de mon beau père la rendit malade et elle fit de fréquent séjours à Divonne avec une infirmière (NDLR : Divonne-les-Bains (dans l’Ain) est une station thermale).
Elle mourut en 1953. Elle a connu Alain Thieffry.
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